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LE CENTURION

La perplexité de Pilatus était donc grande. Mais, en tout cas, sa présence à Jérusalem était rigoureusement nécessaire, non seulement pour empêcher tout désordre, mais pour s’enquérir exactement de ce qui s’était passé.

Il y avait eu manquement à la discipline, violation de sépulture et enlèvement de cadavre : ces offenses ne devaient pas rester impunies.

Il appela Caïus, et lui dit : Préparez une escorte ; nous repartons pour Jérusalem.

— Mais, nous en arrivons, gouverneur ; et je croyais que vous vouliez prendre au moins quelques jours de repos ?

— J’en aurais vraiment besoin. Mais il se passe à Jérusalem des choses fort étranges. Il paraît que nous n’en avons pas fini avec Jésus de Nazareth. Son sépulcre a été violé, et son corps enlevé par ses disciples : c’est du moins ce que prétendent les princes des prêtres. Mais les disciples soutiennent que leur maître est ressuscité.

— Vous savez, gouverneur, qu’il l’avait prédit ?

— Non, je l’ignore. Mais il importe peu. Vous ne croyez pas à cette résurrection, je présume.

— J’y crois.

— C’est inoui ! dit Pilatus, sur un ton irrité. S’il est permis aux morts de sortir de leurs tombeaux, la terre va devenir inhabitable.

— Ce danger n’est pas grand. Car les morts n’abuseraient pas de la permission, si vous la leur