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LE CENTURION

Cependant les regards que Jésus avait jetés sur lui pendant le procès, son attitude souverainement noble et digne, ses rares paroles et sa sérénité en face de la haine sacerdotale et de l’émeute populaire, l’avaient profondément troublé ; et c’était pour trouver un peu de calme qu’il était allé à Cesarée.

Or, à peine y était-il arrivé que des messagers accouraient de Jérusalem lui apporter cette étrange nouvelle : que Jésus était sorti de son tombeau, et qu’une nouvelle lutte était imminente entre les princes des prêtres et les disciples du crucifié, ou le crucifié lui-même qu’on disait ressuscité !

La mort n’avait donc pas résolu définitivement la question messianique ? Depuis quand la mort se laissait-elle vaincre ainsi ? Et si Jésus était vraiment ressuscité, que s’ensuivrait-il ? Ce serait bien une solution de la question messianique, mais toute différente de celle que lui, Pilatus, avait prédite. Ce serait le triomphe définitif de Jésus de Nazareth.

Mais un renversement de toutes les lois de la nature et de l’histoire n’était pas possible. Non. Et donc, parmi les divers messages apportés de Jérusalem, celui des prêtres était le seul vraisemblable : c’était les disciples qui avaient enlevé le corps de leur Maître, pendant que les gardes dormaient.

Il était bien étrange pourtant que ces soldats, qui étaient nombreux, se fussent tous endormis au mépris de la discipline, et que pas un d’eux n’eût