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LE CENTURION

et dans les larmes. C’est maintenant qu’ils comprenaient à quel point ils l’aimaient, ce Maître qu’ils avaient suivi pendant trois ans, et quel vide sa mort allait faire dans leur vie.

Et là-bas, en Galilée, les premiers courriers qui avaient porté la nouvelle de la crucifixion, n’avaient rencontré que des incrédules. Non, cela n’était pas possible, le Maître de la Vie et de la Mort ne pouvait pas avoir été tué comme un homme ordinaire. Et que deviendrait la Galilée sans lui ? Comment se consoleraient-ils de ne plus le voir, et de ne plus l’entendre ?

L’affliction était universelle et profonde, parce qu’elle était proportionnée à l’amour.

Tous ces croyants sincères avaient-ils oublié la prophétie du Maître : qu’il ressusciterait le troisième jour ?

Non, mais elle était encore pour eux pleine de mystère. C’est lui, pensaient-ils, qui a ressuscité Lazare, et il nous avait donné auparavant tant de preuves de sa puissance que ce grand miracle ne nous étonna pas.

Mais à présent qu’il est mort lui-même, qui le ressuscitera ? Et quelle sera vraiment cette résurrection ? Reprendra-t-il avec nous sa vie d’autrefois ?… Et les trois jours annoncés, faut-il les prendre à la lettre, ou au figuré ?…

Ces questions traversaient leur esprit, mais sans s’y arrêter. Ils les repoussaient même, et ils ne s’interrogeaient pas à ce sujet.