amis dans cette multitude ; un grand nombre avaient pris part à son triomphe et l’avaient acclamé cinq jours auparavant. Ils étaient là pourtant ceux qu’il avait comblés de ses bienfaits, qu’il avait miraculeusement nourris dans le désert, dont il avait guéri les maladies et les infirmités.
Mais parmi ces milliers d’amis de la première heure, que d’ingrats, que d’oublieux, que de faibles, que de lâches !
Ils étaient le nombre peut-être ; mais ils n’avaient pas même le courage de se compter. Par intérêt, par crainte, par faiblesse ils se taisaient, et laissaient faire.
Il en est ainsi dans tous les mouvements révolutionnaires. C’est la minorité haineuse et violente, qui terrorise la majorité, et qui gouverne.
Au calvaire, elle était d’ailleurs commandée par des chefs puissants, les princes des prêtres, les scribes et les anciens, et rien n’est terrible comme la guerre religieuse dans une foule surexcitée par la haine du divin.
C’était comme une mer houleuse dont les flots venaient battre les flancs du Calvaire, et d’où montaient des clameurs, des imprécations et des blasphèmes :
— Toi qui détruis le Temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-toi donc maintenant !
— Si tu es le Fils de Dieu, descends donc de la croix ! Et ces miracles que les blasphémateurs croyaient bien impossibles, et qu’ils le mettaient