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LE CENTURION

l’eau, et se lava les mains en présence de la foule, en disant :

— « Je suis innocent du sang de ce juste ; c’est à vous d’en répondre ».

Tout le peuple répondit :

— « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ». Barrabas fut mis en liberté. La flagellation étant terminée, Jésus fut ramené devant Pilatus dont la conscience n’était pas tranquille, et qui cherchait toujours quelque moyen d’apaiser les Juifs.

Les bourreaux avaient horriblement défiguré leur victime, et elle faisait pitié. Tout couvert de sang, de crachats, et de souillures, la tête échevelée, ensanglantée, couronnée d’épines, la figure souillée du sang qui coulait à travers ses cheveux, les épaules couvertes d’un manteau rouge en lambeaux, les mains croisées et enchaînées, tel apparut ce Fils de l’Homme que l’humanité n’avait pu enfanter qu’après quarante siècles, et ce Fils de Dieu en qui le Père avait mis toutes ses complaisances !

Pilatus se sentit profondément ému, et croyant que le peuple le serait aussi en le voyant dans cet état, il fit avancer Jésus sur le plus haut gradin du portique, et le montrant aux Juifs il leur dit :

— « Voilà l’Homme. Je vous l’amène afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime ».

Mais les cris de haine recommencèrent.

— Crucifiez-le ! Crucifiez-le !