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LE CENTURION

voleur et assassin, nommé Barrabas, détenu en prison.

Bien convaincu que le choix de Jésus s’imposait, et que les Juifs n’oseraient jamais choisir Barrabas, Pilatus leur demanda : lequel des deux voulez-vous que je délivre ?

Ô stupeur ! Le cri unanime-des Juifs répondit : « Barrabas ».

Pilatus en croyait à peine ses oreilles, et il reprit : Que ferais-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ?

— Crucifiez-le ! Crucifiez-le ! vociféra la foule.

— Mais quel mal a-t-il fait ? objecta le juge plaidant pour l’accusé. Je ne trouve en lui aucune cause de mort.

— Crucifiez-le ! Crucifiez-le ! continua de crier la multitude.

Au lieu de rendre la justice, le juge avait voulu faire de la politique, et il avait eu recours aux expédients que la politique suggère. Le suffrage universel lui répondait en lui imposant l’injustice.

Par sa faiblesse coupable, Pilatus n’était plus un gouverneur, ni un magistrat. Il ne représentait plus la majesté des lois et de la justice. Il était devenu un instrument entre les mains de la multitude.

Pour déguiser sa faiblesse aux yeux du peuple, il fit un acte qui, d’après une coutume d’Israël, pouvait être considéré comme une protestation contre le verdict populaire. Il se fit apporter de