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LE CENTURION

nuit ; pour donner à leur condamnation une apparence de légalité, il fallait la faire prononcer de nouveau dans une séance régulière du Sanhédrin, pendant le jour.

En attendant, et pendant qu’il s’applaudissait de son succès, Caïphe livra l’accusé aux dérisions et aux outrages de la foule.

Entre son iniquité et la parfaite innocence de Jésus, entre sa haine féroce et l’inaltérable douceur de son prisonnier, entre sa basse vilenie et la noblesse d’attitude de l’accusé, il y avait un tel contraste que lui-même aurait souffert d’un tête-à-tête plus prolongé avec sa victime.

Pour le punir et l’humilier de se dresser devant lui comme un remords vivant, il le livra comme un jouet à la foule de scélérats qui encombrait le corps de garde.

Jésus y subit jusqu’au matin des avanies et des insultes sans nom.




Cependant Caïphe ne dormit pas plus que sa victime pendant cette nuit terrible ; car il voulait avoir une session plénière du Sanhédrin au lever du jour, afin dé régulariser, si s’était possible, sa criminelle poursuite ; et il passa le reste de la nuit à convoquer tous les membres du haut tribunal dispersés dans la ville.