fontaine publique, avec une amphore sur l’épaule droite qu’elle soutenait de la main.
— Qui est cette femme ? demandai-je à celui qu’on nomme Jean. Mais il était parti en courant pour aller offrir ses services à la Galiléenne : et ce fut André qui me répondit : C’est la mère du Prophète.
Mon cher Tullius, je ne m’explique pas pourquoi ; mais j’ai été profondément remué par la vue de cette humble veuve d’artisan ; et je me suis dit rien qu’à la voir : ce n’est pas une femme comme une autre.
Lorsque Jean revint à nous, je repris la conversation, pendant que les autres disciples raccommodaient leurs filets :
— Et votre maître ? Que fait-il dans cette petite ville, qui paraît être le centre de ses opérations ?
— Oh ! Ses opérations, m’a répondu Jean, en souriant, n’ont pas le caractère des vôtres. Elles n’ont rien de militaire.
— Quel caractère ont-elles ?
— Il s’appelle lui-même un pasteur, et il ajoute que c’est aux brebis perdues d’Israël qu’il est envoyé. C’est bien la mission qu’il remplit en effet depuis que nous le suivons ; et dans son troupeau, qui grandit chaque jour, il y a deux brebis, aujourd’hui bien fidèles, qui naguère étaient bien perdues. Toutes deux étaient célèbres dans toute la Palestine. L’une se nommait Photina, la Samaritaine, et l’autre Myriam de Magdala.