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LE CENTURION

rois se tairont… » Or, je ne vois dans le Nazaréen aucun de ces traits de grandeur. »

Le prince Nicodème, de la chambre des Anciens, se leva alors, et dit :

« Sanbédrites, vous savez que je suis pharisien, et je reconnais que Jésus de Nazareth nous adresse souvent dans ses prédications des paroles très dures. J’en souffre comme vous. Mais cela ne m’empêche pas d’admirer le génie transcendant de cet homme, et d’être convaincu par les œuvres qu’il fait, qu’il est au moins un grand prophète, et un grand thaumaturge.

« On a dit que ses œuvres sont des fables auxquelles la crédulité des naïfs peut seule donner crédit. Eh ! bien, Sanhédrites, je suis l’un de ces naïfs. Mais, avant de croire, je me suis informé ; j’ai interrogé et les miraculés et les témoins du miracle.

« Avez-vous déjà oublié la guérison de l’aveugle-né ? Il y a quelques mois à peine qu’elle a été opérée, ici à notre porte, et plusieurs membres de ce haut tribunal ont fait une enquête pour nous assurer du fait. Nous avons amené devant nous celui-là même qui était aveugle un instant auparavant, et qui avait recouvré la vue, ses parents, ses connaissances et les témoins du miracle ; et nous les avons tous interrogés.

« Or, la preuve a été convaincante. Plusieurs de nos collègues ont injurié celui auquel Jésus de Nazareth avait ouvert les yeux, parce que son