Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
LE CENTURION

qu’il s’efforce de nous montrer, mais que nos yeux, trop faibles peut-être, n’aperçoivent pas toujours.

« Quelques-unes de ses doctrines semblent empruntées à nos grands philosophes ; mais il ne paraît pas s’en douter, et il affirme qu’elles lui viennent de son Père. Quel est celui qu’il appelle ainsi ? Il laisse entendre que c’est Dieu !

« Évidemment, c’est un homme extraordinaire. Mais qui est-il ? Et que veut-il ? C’est à lui de nous le dire clairement, et de nous prouver qu’il est vraiment l’idéal du Messie que nous attendons. Le royaume qu’il prétend établir me paraît imaginaire. C’est le songe d’un visionnaire. Celui qui veut fonder une œuvre durable a bien le soin de s’entourer d’aides intelligents et habiles. Il tâche de s’assurer l’appui d’hommes influents, haut placés et puissants. Il fait miroiter devant les yeux de ses partisans les honneurs, la fortune, ou d’autres avantages.

« Or, Jésus de Nazareth a choisi ses futurs ministres parmi les ignorants et les simples, dans les rangs les plus obscurs du peuple. Bien loin de se concilier les dépositaires de l’autorité, et ceux qui possèdent l’influence et la fortune, il parle contre eux, il détruit leur prestige.

« Et que prêche-t-il à ceux qui le suivent ? Le renoncement aux biens de ce monde, la souffrance et la pauvreté ! Que leur promet-il ? Une place dans son royaume imaginaire, au pays des rêves, lequel royaume ne sera établi qu’après sa mort !