Le fait n’était pas compliqué : il venait de s’accomplir, et, sans déguisement, comme sans peur d’être contredit, l’aveugle le racontait toujours de la même manière :
« Il était aveugle depuis sa naissance ; et une heure auparavant, il l’était encore. Et voilà qu’un homme, qu’on lui avait dit se nommer Jésus, l’avait guéri soudainement, en lui mettant de la boue sur les yeux, et en l’envoyant se laver à la fontaine de Siloé. » C’était tout. C’était clair, net, précis, positif, mais c’était contraire aux lois de la nature, et inexplicable. Donc, disaient les membres du Sanhédrin, cela n’est pas vrai. Cet homme est un menteur.
Ils firent alors comparaître devant eux le père et la mère de l’aveugle, et les questionnèrent.
— Est-ce bien là votre fils ?
— Oui, c’est bien notre fils, répondirent-ils simplement.
— Est-il né aveugle ?
— Oui, il est né aveugle.
— Mais alors, comment se fait-il qu’il voit maintenant ?
— Nous l’ignorons. Qui lui a ouvert les yeux ? Nous ne le savons pas. Interrogez-le lui-même. Il a de l’âge, qu’il parle de ce qui le concerne.
Interrogé de nouveau, l’aveugle fit le même récit, avec le calme, l’assurance et la précision d’un homme qui dit vrai.
Des discussions s’élevèrent alors entre nous. Les uns disaient :