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LE CENTURION

données de la sagesse humaine, comme il renverse les lois de la nature ? S’il est Dieu, il doit prouver aux hommes sa divinité. Or, s’il fonde une œuvre durable avec les moyens et les instruments qu’il emploie, il la prouvera bien mieux que par ses miracles.

— Croyez-vous donc en sa divinité, Caïus ?

— Pas encore, mais je suis bien près d’y croire. Et vous ?

— Oh ! moi, je ne le connais pas ; mais j’éprouve pour lui une sympathie profonde. Il m’attire ; et l’injustice des Pharisiens à son égard me révolte.

Que fait-il autre chose que du bien, partout où il passe ? Quels miracles fait-il qui ne soient pas des bienfaits ?

— C’est bien pensé, Camilla, et je me réjouis de vous voir dans ces sentiments. Je craignais que vous ne fussiez entraînée dans le camp des ennemis du prophète par le gouverneur, par Gamaliel et surtout par Onkelos.

— Et pourquoi craignez-vous que je subisse l’influence de Gamaliel et d’Onkelos ?

— Parce que vous avez avec eux des rapports plus ou moins intimes, parce qu’ils ont de l’autorité dans les questions qui se rapportent au messianisme, et enfin, parce que…

— Eh ! bien, quel est le troisième « parce que » ?

— Parce que je sais qu’ils ont pour vous beaucoup d’admiration.