à l’enfant qui s’imagine pouvoir décrocher les étoiles, et se les approprier.
Camilla feignit de ne pas comprendre ; et elle demanda à Onkelos quelles étaient les dernières nouvelles de Jésus de Nazareth.
— Il est encore en Galilée, répondit Onkelos.
— Et vous réconciliez-vous avec lui ?
— Non, son idéal du royaume messianique n’est pas le mien ; et il ne laissera derrière lui aucune œuvre durable. Je reconnais son génie et le prestige extraordinaire qu’il exerce sur ceux qui l’approchent. Mais quand il aura disparu, ses apôtres qui n’ont aucune valeur intellectuelle, ni influence, ni moyens d’action, seront absolument impuissants à fonder quoi que ce soit.
— Ce serait un malheur, il me semble, répliqua Camilla. Car c’est un homme de bien ; et ses enseignements sont tels qu’il vaudrait bien la peine d’en faire l’essai.
Onkelos ne répondit rien.
Les deux promeneurs étaient arrivés à la tour Antonia. Onkelos prit congé, et disparut sous les portiques du temple. Il dormit peu dans la nuit qui suivit. Il avait connu jadis les troubles de l’amour, et il s’en croyait guéri. Il se vantait d’avoir placé plus haut son idéal. Mais auprès de Camilla, il s’était senti rajeuni, et il n’avait pas su réprimer les mouvements de son cœur. Au matin, il chercha l’obstacle qui pouvait les séparer, et il se dit : Hélas ! oui, il y a un double obstacle