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LE CENTURION

Et voilà, mon cher Tullius, comment les maîtres de la terre savent étouffer le cri des consciences honnêtes, et les voix courageuses qui osent proclamer la vérité et défendre la morale ! Tu vois bien que le monde a besoin d’être régénéré, et qu’il est grand temps qu’il vienne ce Messie que les Juifs attendent.

Vale. 20 décembre, 780 — Magdala.



V

LE DIVIN TIBÉRIUS


tullius à caïus oppius


J’ai reçu tes deux premières lettres, datées de Magdala, et j’envie ton sort. Il fut un temps où pour rien au monde je n’aurais voulu vivre loin de Rome ; mais aujourd’hui son atmosphère me pèse, et ses faux plaisirs me dégoûtent. Ne la regrette pas, mon cher.

La religion, les mœurs, les institutions sont en décadence. Nous ne croyons plus aux dieux de l’Olympe, qui n’étaient sans doute que des fables ; mais nous les remplaçons par d’autres qui valent beaucoup moins, et qui sont hélas ! des réalités.

Les anciennes divinités nous gênaient d’autant moins qu’elles étaient plus fabuleuses ; mais les dieux du jour sont des êtres vivants et méchants.