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LE CENTURION

est simple et compréhensible. Je n’ai aucune répugnance à croire qu’il y a un Dieu, ou des Dieux. Car mon scepticisme n’est pas absolu. Un seul Dieu me paraît cependant beaucoup plus raisonnable.

Mais que sais-je autre chose ? Et qui peut m’enseigner autre chose, avec autorité, en me prouvant l’origine divine de sa mission et de sa doctrine ? Est-ce vous, Onkelos, avec vos grands philosophes qui n’ont pas pu régénérer la Grèce ? Ou avec leurs disciples qu’on a appelés les Sophistes, qui ont accentué la décadence et qui prétendaient pourtant être les vrais sages ?

Quels étaient les vrais fous ? Je n’en sais rien ; et je suis bien près de penser, avec votre Protagoras, que la vie est trop courte pour la passer à agiter ces grands problèmes.

Onkelos. — Je déplore comme vous, Gouverneur, l’œuvre des Sophistes. Ils ont fait le malheur de ma patrie, mais cela ne prouve rien contre la religion. Au contraire, si la Grèce est déchue, c’est parce que ces Sophistes ont détruit la foi religieuse.

Gamaliel. — C’est vrai. Mais le Gouverneur a raison de vouloir que celui qui prétend fonder, ou seulement enseigner une religion, prouve son autorité et sa mission divine.

C’est pour cela que notre religion est la seule vraie, parce qu’elle a eu pour fondateur un envoyé de Dieu.