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LE CENTURION

d’avoir des richesses et de vivre dans le luxe, et cependant, c’est ce qui nous fait déchoir.

Quand les Romains vivaient simplement, au lieu d’entasser les trésors et les richesses des peuples vaincus, meubles curieux, riches tentures, moelleux tapis, objets d’art, antiquités, chaque famille fournissait à la patrie des soldats courageux et robustes, des citoyens vertueux, des magistrats honnêtes. Hélas ! que les temps sont changés !

Les Juifs ne veulent avoir avec nous aucun rapport. Ils se tiennent à l’écart, parce qu’ils redoutent notre corruption, et ils ont raison.

L’histoire se répète d’ailleurs. L’Égypte et la Grèce nous ont précédés dans la voie de la décadence, et les mêmes causes produiront chez nous les mêmes effets. Mais je ne crois pas, malgré tout cela, à la décadence finale de notre religion.

Pilatus. — Eh ! bien, moi j’y crois, et je n’attends aucun renouveau. Les religions ont fait leur temps. Elles ont été de grandes forces gouvernementales, des institutions nécessaires à l’origine des sociétés, et des clairons de batailles. Mais aujourd’hui, elles ne sont plus que des cymbales.

Elles ont été des phares dans les siècles de ténèbres. Mais depuis le siècle d’Auguste, elles ne sont plus que des lanternes fumeuses.

Je comprends qu’on se laisse encore prendre à des nouveautés religieuses. Mais ces nouveautés dureront moins que les vieilleries de l’Égypte, et de la Grèce.