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LE CENTURION

donner les proportions de l’empire romain qui embrasse l’univers ?

— J’attends celui que les prophètes nous ont promis. L’idéal n’est pas dans le passé ; il est dans l’avenir, et l’accablement du monde démontre qu’il a besoin d’un homme qui soit l’incarnation de cet idéal.

— Enfin, dis-je, c’est celui que vous appelez le Messie que vous attendez ?

— Oui.

— Et c’est lui qui devra régénérer le monde ?

— Oui.

Ainsi parle Onkelos, ma mère ; et tu peux imaginer quel intérêt je prends à ses discours. C’est le grec classique qu’il parle, et il me semble que Socrate n’était pas plus éloquent, quand il enseignait la philosophie à ses disciples.


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Après une nuit idéale, c’est un jour sombre et orageux qui s’annonce comme une réalité.

Des masses de nuages, venant on ne sait d’où, se sont accumulées au Couchant, et ont formé comme une chaîne de montagnes noires. Mais ces montagnes étaient mouvantes. Elles montaient vers le Zénith comme une armée rangée en bataille assaillant une citadelle formidable.

C’était aussi comme un immense rideau sombre que levait une main puissante, invisible, et qui était bordé d’une épaisse frange grise.