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LE CENTURION

arts et les lettres, romaine par le gouvernement politique et militaire. C’est aussi une émule de Rome en magnificence, et elle a comme toutes nos grandes cités coloniales son proconsul, son sénat, ses magistrats, ses grands dignitaires, de même qu’elle a ses thermes, ses temples, ses cirques et ses théâtres.

Elle rivalise avec Rome par la science et les écoles, et elle possède les plus riches bibliothèques en manuscrits. La plus considérable qui contenait 750,000 volumes a malheureusement été brûlée au temps de Jules César. Mais Antoine a quelque peu réparé cette perte en donnant 200,000 manuscrits à la reine Cléopâtre.

Ce nom célèbre fait repasser dans mon esprit bien des souvenirs historiques ; et nos grands Romains n’ont pas joué ici un rôle aussi glorieux qu’à Carthage.

Pompée, César, Antoine, ont été séduits tour à tour par cette ensorceleuse, et ce n’est pas sans émotion que j’ai vu les rivages témoins de la mort tragique de ces deux hommes puissants — Pompée et Antoine — qui auraient pu faire la gloire de leur patrie, et que l’amour a perdus !

Octave lui-même a failli être pris aux charmes de cette enchanteresse, et, s’il avait succombé, nous n’aurions pas eu l’Augustus Imperator.

Étrange pouvoir que l’amour ! Et que de ruines il peut causer quand il est mis au service du mal !