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Cependant, le sacrifice de cette chair et de ce sang ne se fera plus d’une manière sanglante comme au Calvaire. Il sera aussi réel, mais par un miracle de Jésus-Christ il s’accomplira sous la forme et les apparences du pain et du vin.

Est-ce que tout cela n’est pas raisonnable et d’une sagesse souveraine ?

Et ce que je viens de dire du sacrifice s’applique à la manducation de la victime sacrifiée, c’est-à-dire à la communion. Elle aussi existait avant Jésus-Christ sous la forme sanglante, et elle continuera d’exister après lui, aussi réellement en substance, mais sous la forme non sanglante de l’Eucharistie.

Et pourquoi doit-elle continuer après Jésus-Christ ? Parce qu’après lui, comme avant lui, elle est l’aliment nécessaire de la vie surnaturelle de l’âme.

Grâce au sacrifice divin perpétuellement renouvelé dans le monde, du sauveur à la fois victime expiatoire et nourriture surnaturelle, des milliers d’âmes vivront, toujours en union avec Dieu, et l’Église, qui est la société de ces âmes, possédera toujours son immortelle vitalité.

S’il était permis de juger les actes divins dans le même langage que les actes humains, je dirais que l’institution eucharistique fut une grande habileté, puisqu’elle permet à Jésus-Christ de vivre au milieu des hommes sans les exposer à commettre un nouveau déicide.

Hélas, s’il revenait sur terre dans sa chair mortelle, les hommes le tueraient encore. Mais sous la forme eucharistique il est avec nous jusqu’à la consommation des siècles, et ses ennemis ne pourront plus le faire mourir. Quand il serait chassé de ses temples, fermés ou démolis, le prêtre l’emportera dans sa mansarde, ou dans sa tente de missionnaire, et lui permettra de vivre avec l’Église son épouse, dans tous les pays du monde et jusqu’à la fin des temps.

Messieurs, pour éclairer la terre et nos terrestres demeures, Dieu a créé deux astres : le soleil qui fait le jour, et la lune qui illumine la nuit. Mais la clarté lunaire n’est qu’un reflet de l’éclat du soleil.

Pour le monde des âmes le Créateur a fait mieux. Dans le grand jour éternel qui suit la mort, c’est le Dieu-Soleil qui éclaire les âmes jouissant de la vie surnaturelle ; et dans cette nuit qui précède la mort, et qui est la vie humaine, c’est Jésus-Hostie qui éclaire nos ténèbres. Mais il n’est-pas un simple reflet de la Divinité ; et, sous les pâles apparences du pain il est aussi Dieu que le Dieu-Soleil de l’Éternité.


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