Ils sont en même temps bien illogiques ; car s’ils avaient raison, nous serions moins favorisés sous la Loi Nouvelle que ne l’étaient les Juifs, sous la Loi Ancienne, quand Jéhovah leur donnait la manne en nourriture. En effet, la manne était vraiment un pain qui descendait du ciel, tandis que le pain des hérétiques est un produit de la terre fait de main d’homme.
Si l’hostie que le prêtre a consacrée n’était pas réellement le corps de Jésus-Christ, elle serait certainement inférieure à la manne, qui n’était pas un produit de l’industrie humaine. Et alors, l’œuvre de Jésus ne serait pas un perfectionnement de celle de Moïse. Sa parole ne serait qu’une figure de rhétorique, une illusion, et un mensonge. Il nous aurait trompés en disant qu’il nous donnait sa chair à manger et son sang à boire !
Ah ! non, Messieurs, qu’un pareil blasphème n’effleure jamais nos lèvres. Dieu ne peut pas mentir, et toute parole de Jésus est d’une vérité absolue. Or, il n’en a jamais prononcé de plus lumineuses et de plus impératives.
Torturer ces paroles pour leur donner un sens figuré, c’est prêter à Dieu un langage faux et trompeur ; c’est méconnaître la perfection du culte nouveau, qui a succédé au formalisme étroit de la religion mosaïque.
Il me semble qu’il répugne à la raison humaine elle-même, que Dieu ait subi toutes les humiliations de l’Incarnation et toutes les souffrances de la Rédemption pour nous replacer après sa mort sous l’empire des vaines images et des antiques figures.
Nous ne voulons plus d’un Messie figuré, puisqu’il est venu en personne habiter parmi nous. Nous ne voulons plus de nourriture symbolique ou emblématique, puisque Jésus a affirmé qu’il nous a donné sa chair à manger et son sang à boire.
Arrière les figures et les symboles, et prosternons-nous devant la divine et vivante réalité de l’Eucharistie ! C’est le vrai pain de vie !
Nul ne savait mieux que l’Homme-Dieu combien ce viatique est nécessaire à l’âme dans son difficile voyage de la terre au ciel. Les poètes ont souvent comparé la vie humaine à un fleuve ; mais ils ont oublié de nous dire que l’homme ne doit pas descendre ce fleuve, mais le remonter, afin d’arriver à sa source qui est Dieu.
Et ce n’est pas seulement sa destinée de remonter au ciel, c’est un besoin de sa nature qui s’est manifesté dès son origine.
Adam voulait devenir Dieu en mangeant le fruit défendu. Prométhée, Hercule, les Césars de Rome prétendaient être divinisés. Et nous aussi nous aspirons à devenir des dieux dans la vie future.
Or, je vous le demande, qui nous donnera les forces nécessaires pour accomplir cette ascension merveilleuse ? Comment pourrons-nous remonter ce fleuve orageux de la vie dont tous les courants nous entraînent à l’abîme, si nous n’avons pas une vigueur surhumaine, puisée dans une alimentation surhumaine ?
La raison elle-même nous dit que tout aliment qui ne sera pas divin