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CHEZ LES MONTAGNAIS

Ceux que Chateaubriand et tant d’autres après lui ont publiés sur les femmes sauvages sont invraisemblables. Ils leur ont tout simplement prêté les passions de l’homme civilisé.

Elle ne va pas au théâtre, et les seules pièces qu’elle se permette d’admirer sont les féeries de ses rivières, de ses lacs, de ses montagnes et de ses grands bois.

Elle est d’une humeur égale, jamais très séduisante, mais jamais maussade, jamais très gaie, mais jamais bourrue.

Dans un moment de colère, provoqué par quelque dureté du mari — car le mari montagnais n’est pas un ange de douceur comme le mari civilisé — elle serait capable de lui administrer un bon coup de couteau. Mais elle ne pourrait jamais lui donner des milliers de coups d’épingle comme font tant de femmes charmantes.