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taillé, une vérandah en bois sculpté faisant le tour de l’édifice, de grands toits en briques noires entremêlées de chaux et du plus charmant effet. Un large quai borde le rivage de la mer ; de distance en distance s’élèvent des mâts de pavillon où les consuls arborent les couleurs nationales. Autour de nombreux magasins construits en pierres de taille et à l’épreuve du feu circulent les coulies traînant des charrettes à bras ou portant des ballots sur leurs épaules. Les rues sont assez étroites et peu régulières ; les premiers occupants y bâtissaient à peu près à leur fantaisie. Les passants sont peu nombreux dans ce quartier tranquille, et cependant on y rencontre, en une même journée, des gens venus de toutes les parties du monde.

Dans la ville japonaise tout, au contraire, est bruit et mouvement. D’abord, à la limite des deux quartiers, s’étendent le long de la mer les bâtiments de la douane indigène. C’est là que les marchandises arrivent, débarquées des jonques qui les ont apportées de Yedo ou des provinces voisines, et qu’elles se rechargent sur des chalands qui vont les porter à bord des navires de commerce. Plus loin les curieux produits de l’industrie japonaise sont étalés comme un appât pour les étrangers, qui peuvent librement acheter, mais en les payant d’ordinaire plusieurs fois leur valeur, des laques d’or d’une remarquable délicatesse de dessin, des bronzes