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sera nécessaire, et à coopérer, autant que possible, à toute opération entreprise par les forces d’une autre puissance sur un point quelconque du pays.

Nous croyons avoir démontré que les étrangers peuvent désormais, sans que l’on ait à craindre de conflit, se maintenir sur le sol du Japon, et jouir enfin des avantages que promettaient prématurément les traités de commerce. Mais, après ce résultat, et pour que le Japon soit réellement ouvert, il faudra laisser ce pays, grâce au temps et à l’influence d’un contact journalier avec nous, s’assimiler peu à peu l’esprit de l’Occident. Sur cette assimilation, sur la façon dont elle pourra se faire, quelques aperçus seront utiles, et formeront la conclusion naturelle de notre récit.

Les hautes classes du peuple japonais avaient raison, sans doute, de voir dans l’influence des idées égalitaires sur les classes inférieures une menace pour leur autorité et leurs priviléges. Mais peut-être, en prévoyant une révolution sociale, s’étaient-elles un peu trop hâtées de la croire imminente. Habituées à une existence paisible, vivant du travail, il est vrai, mais ignorant la misère, à l’abri des soucis qui amènent l’ambition et la soif d’acquérir, les classes inférieures du Japon ne sont pas faites pour comprendre l’esprit remuant et inquiet de notre époque. Nous croyons qu’il faudra de longues années pour qu’à notre contact ces senti-