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ner tout le jour le bruit de la mousqueterie et parfois du canon.

Du palais du taïcoun l’on n’aperçoit que l’enceinte, énorme muraille revêtue d’une maçonnerie cyclopéenne et bordée d’un fossé plein d’eau ; cette muraille peut avoir deux kilomètres de tour ; des portes fortifiées, précédées de ponts, y donnent accès. En faisant le tour de l’enceinte, nous longeâmes un large emplacement quadrangulaire, entouré d’une barricade de planches et dont le sol entièrement nu paraissait avoir subi une dévastation récente ; quelques souches d’arbres calcinées, l’orifice béant de deux ou trois puits, des débris informes de tuiles et de pierres, témoignaient que des habitations avaient dû exister naguère au lieu et place de cette solitude. « Le palais de Tchô-chiou, » dirent laconiquement, en montrant du doigt l’emplacement, les yakounines à cheval qui nous servaient d’escorte. C’était, en effet, tout ce qui restait du palais du prince.

Le Gorogio tient ses séances dans un grand édifice voisin de l’enceinte taïcounale. Le lendemain de l’arrivée des divisions, les ministres, accompagnés des commandants en chef, tinrent avec ses membres une séance solennelle. Ils s’étaient installés la veille à leurs légations respectives, escortés de forts détachements de soldats et de marins fusiliers qui campèrent pendant ces quelques jours dans les