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organisés en escouades des pompiers, avec leurs chefs et leurs bannières, sont prêts à accourir au premier signal. Des cloches d’alarme existent dans chaque quartier ; au premier son tout le monde accourt ; les yacounines et gouverneurs, revêtus d’une sorte d’armure destinée à les garantir du feu, viennent diriger les travailleurs. Tout cela semble au premier abord parfaitement organisé ; mais voici le revers de la médaille : l’effet de leurs mauvaises pompes est insignifiant ; le système qu’ils emploient invariablement pour arrêter les progrès du fléau est éminemment primitif et reproduit identiquement ce qui se passe dans les villes turques en semblable circonstance. Au lieu de faire résolûment la part du feu, et de l’isoler en traçant autour du quartier atteint une tranchée dans les édifices, ils se gardent bien de toucher à une maison avant qu’elle soit irrévocablement perdue. Dès que le feu n’en est plus qu’à quelques mètres, le chef d’une escouade s’élance sur son toit, y plante son drapeau, et aussitôt les travailleurs, s’abattant autour de lui, font voler les tuiles et craquer les charpentes ; l’unique résultat de ce labeur est de faciliter la propagation de l’incendie, qui ne s’arrête qu’à un canal, à une esplanade ou à une rue plus large que les autres. Nous avons été plusieurs fois témoins de cette manière de faire à Yokohama, lorsque le feu se déclarait dans la