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la nuit se désaltérer. Devant les tombes les plus fraîches, de petits vases formés d’un morceau de bambou fiché en terre renferment des bouquets de fleurs disposés par la main des parents ou les soins des moines de la bonzerie voisine ; ils y joignent quelquefois une coupe en porcelaine remplie de riz. Mais ici, comme ailleurs, le temps fait bientôt succéder à ces pieuses pratiques l’indifférence et l’oubli : les vieilles tombes n’ont plus d’autre parure que l’herbe sauvage, les mousses et les lichens aux brillantes couleurs. Les Japonais ont pour habitude de brûler leurs morts, ce qui explique le peu d’emplacement occupé par leurs tombes. De petites concessions entourées d’une barrière sont réservées pour l’usage des familles d’un certain rang ; les pierres tumulaires sont disposées, avec des vases de fleurs, des deux côtés d’une allée de quelques pas de longueur ; au fond de l’allée s’élève une pagode en miniature.

Les pagodes japonaises, dont nous avons déjà parlé, ont toutes à peu près le même caractère ; construites en bois sculpté, recouvertes d’énormes toits de forme chinoise, ornées de ferrements et de figures en bronze, elles plaisent par l’originalité de leurs détails et le sentiment d’élégance et d’harmonie qui a présidé à leur conception. La plus renommée de Simonoseki est celle de Kami-hama-You, bâtie sur le sommet d’un petit monticule isolé,