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autre chose que l’appui moral de la France à l’entreprise projetée ; en attendant, il allait réclamer des membres du Gorogio, et dans l’enceinte de Yedo même, l’entrevue nécessaire à la réception de ses lettres de crédit.

L’entrevue ne fut accordée qu’après des pourparlers sans fin. M. Duchesne de Bellecourt et M. Roches prirent passage, avec le personnel de la légation, sur la corvette le Dupleix, qui vint mouiller en rade de Yedo. La réception eut lieu dans l’enceinte des réunions du conseil, avec le cérémonial habituel. Après les présentations, toutefois, et malgré la convention faite d’avance que la séance se bornerait à la réception pure et simple de notre nouveau représentant, le ministre des affaires étrangères au Japon entama un discours long et diffus, une sorte de litanie dont les périodes se devineront facilement lorsqu’on saura qu’elles avaient pour refrain la nécessité d’une évacuation immédiate de Yokohama. La menace et l’impertinence se succédaient depuis quelques moments dans le langage du vice-ministre, lorsque le ministre de France, interrompant l’orateur, crut devoir lui fermer la bouche par quelques paroles : la discussion d’un pareil sujet devant lui était une injure, la persistance du gouvernement de Yedo dans ce dessein amènerait la France à sévir par les armes. L’air arrogant du daïmio fit place aussitôt aux façons les