Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

charges partaient d’autres ouvrages échelonnés le long de la côte. Enfin, une heure et demie après s’être engagée dans le détroit, après avoir essuyé le feu des deux navires et de sept batteries, la Méduse atteignit la mer Intérieure. Elle comptait quatre morts et cinq hommes grièvement blessés ; 31 projectiles avaient frappé la coque du bâtiment, dont la machine était ; fort heureusement, restée saine et sauve.

Telles étaient les nouvelles recueillies à bord de la Méduse. Ainsi donc, le prince de Nagato, quel que fût son mobile, jetait un défi aux marines étrangères, et, sans avertissement préalable, interdisait subitement à coups de canon le passage du détroit à tous leurs navires. Il résultait en outre des deux rapports que le nombre des batteries, l’étroitesse de la passe et la rapidité des courants faisaient du détroit un sérieux obstacle ; un seul boulet atteignant la machine ou le gouvernail aurait amené l’échouage sous le feu ennemi et, par suite, la perte du navire. Les deux engagements avaient donc eu une issue inespérée, et si le prince de Bouzen, sur la côte opposée, n’était pas resté spectateur indifférent de la lutte, nul doute que le Kien-chan et la Méduse n’eussent succombé.

Le jour suivant, la houle ayant augmenté et les grains ne permettant pas de voir la terre, notre navigation devint plus lente et plus difficile ; il