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reilla et s’engagea dans le détroit, pavillon et flamme[1] déployés. À ce moment deux coups de canon furent entendus à une très-grande distance.

Un petit fort situé sur la rive nord était à peine dépassé que les pièces qui l’armaient se mirent à tirer ; les boulets ricochèrent assez loin derrière le navire, et le capitaine, ne pouvant soupçonner d’intentions hostiles, crut à un exercice de tir interrompu pour le laisser passer. Mais un moment après un boulet passait au-dessus du Kien-chan, et deux autres batteries situées en avant, se joignant à la première, ouvraient sur lui un feu très-vif et bien dirigé. Stupéfait de cette agression, l’attribuant à quelque défense de franchir les passes, le capitaine, tout en faisant armer les deux pièces, mit une baleinière à la mer. Un officier, auquel s’adjoignait un interprète de la Légation de France qui se trouvait à bord, se disposait à y embarquer pour aller demander les motifs de cette étrange agression. À ce moment un boulet vint fracasser l’embarcation, tandis que deux navires japonais, mouillés sur l’avant dans le détroit, joignaient leur feu à celui des batteries. Dans ces circonstances critiques, la perte du bâtiment paraissait inévitable. Il ne fallait pas songer à revenir en arrière ;

  1. La flamme est, pour toutes les nations maritimes, le signe distinctif du bâtiment de guerre.