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jeter des doutes dont il bénéficia, et il échappa à une condamnation, soit par suite d’un arrêt de non-lieu, soit par un verdict d’acquittement devant la Cour d’assises de Blidah, où la juridiction criminelle fonctionnait à cette époque.

On conçoit que, dans un pays où se rencontrent nombre d’aventuriers des deux sexes, et où règne par suite une assez grande liberté de mœurs, les crimes contre la pudeur soient relativement rares, parce que chacun y peut, sans difficulté et sans violence, trouver la pâture de ses besoins.

Pour des raisons analogues, l’infanticide y est, sinon tout à fait inconnu, du moins peu fréquent. IL y existe des institutions d’assistance qui fonctionnent généreusement, les colons se secourent volontiers les uns les autres, les salaires sont élevés, et les filles-mères peuvent sans peine nourrir leurs enfants jusqu’à l’âge où ils deviennent capables de travailler et alors, dans ce pays où les bras manquent, ils trouvent facilement un ouvrage rémunérateur. IL est d’autre part, moins malaisé que dans la métropole, à celles qui ont succombé de faire une fin honnête par le mariage. Les indigènes, si jaloux de leurs épouses, si rigoureux pour leurs infidélités, comprennent cependant la faiblesse féminine, la chute n’est pas à leurs yeux un obstacle absolu