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lité de leur attitude, leur duplicité et leur lâcheté proverbiales, leur attirent beaucoup de mépris et d’injures, mais on se rend compte, d’autre part, des services très réels qu’ils rendent au pays, et je n’ai jamais constaté contre eux, de mouvement populaire chez les Musulmans.

Un préjugé espagnol tient pour déshonoré l’homme qui ne venge pas une offense. Il a fait beaucoup de meurtriers et de victimes. L’Espagnol tue par amour et par amour-propre. Lorsque, sous la poussée de l’ivresse que leur procure une anisette extrêmement alcoolisée, dont ils font un usage immodéré, une dispute s’élève, au lieu de chercher à apaiser les contendants, les camarades les excitent, parce qu’ils vont assister à un duel, qui est pour eux un spectacle très intéressant. Celui qui reculerait serait méprisé comme lâche. Le combat, qui a lieu au couteau, ou au rasoir (beaucoup sont barbiers), se termine le plus souvent par la mort de l’un des adversaires, L’Espagnol est naturellement brave et il préfère vider la querelle dans une lutte à armes égales ; mais il a la rancune tenace, il tue aussi traîtreusement, et frapper par derrière un ennemi sans défense lui répugne moins que de laisser une injure impunie. La justice est quelquefois impuissante à réprimer, parce que tous S s’entendent