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Les Exploits d’Iberville

— Vraiment ! fit le jeune homme, et sait-on le caractère de cette maladie ?

— Les médecins n’y comprennent rien.

— Vous ne savez même pas si c’est lui qui m’appelle ?

— Je l’ignore, mais j’ai raison cependant de le croire, attendu qu’il connaît mon affection pour vous, puisque c’est moi qui ai pris votre défense contre lui quand il vous a si fort maltraité lors de votre départ. Or, mon cher enfant, je suis moi-même appelé auprès du vicomte. Cette invitation doit vouloir dire quelque chose.

— Si c’est pour insulter de nouveau à mon malheur ou à la mémoire du marquis, reprit le jeune homme d’un air farouche, qu’il ne tente pas Dieu, car…

— Je ne crois pas que ce soit son intention, interrompit le comte de Langeac. Ne brusquez rien cependant et attendez mon arrivée demain matin.

Le jeune cavalier piqua son cheval qui partit comme l’éclair et franchit une heure après la cour d’honneur de la Belle-Jardinière.

Nous n’essayerons pas d’analyser les sentiments qui envahirent le cœur du jeune homme en revoyant après une absence de dix années le manoir où il avait été si heureux.

Pas un sentiment d’envie cependant ne se présenta à son esprit, mais il sentit un serrement de cœur à la pensée qu’il ne retrouverait plus pour le recevoir