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Les Exploits d’Iberville

lui vint la pensée de le prier, ce Dieu que l’on n’implore jamais en vain.

Dans ses longues nuits de souffrances et d’insomnie, il se demanda bien souvent ce qu’il était advenu de cet enfant qu’il avait cruellement chassé du toit qui lui appartenait de par la volonté de son propriétaire ? Cet enfant que le marquis avait fait bon et vertueux, jeté ainsi aux dangers de l’inconnu, cette âme candide fourvoyée peut-être pour toujours et par sa faute !

À qui iraient-ils, après sa mort, ces biens qu’il avait volés ?

L’avarice, l’égoïsme l’avait rendu méchant. Il avait semé l’injustice et la cruauté sur sa route, tandis qu’il aurait pu faire des heureux en se créant son propre bonheur…

Et il allait mourir, seul, haï, méprisé, maudit peut-être !…

Les regrets en même temps que le repentir entrèrent donc dans son cœur.

Un matin qu’il avait passé une nuit dans des souffrances atroces, il fit appeler le prêtre avec lequel il passa la plus grande partie du jour, et le soir ce fut le tour de maître Raguteau. C’est après cette entrevue que partit la lettre qu’Urbain reçut à son arrivée.

Un grand mois s’était écoulé depuis le départ du courrier et personne n’avait encore donné signe de vie.