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Les Exploits d’Iberville

— Tu vas me jurer d’accomplir fidèlement mes ordres et…

— Ah ! mon commandant…

— Comment ! tu as peur ? dit d’Iberville stupéfait en face de l’hésitation du vieux maître.

— Peur !… Ah ! mon commandant ! Peur ! moi ? Un autre que vous aurait déjà avalé sa gaffe…

Et Cacatoès, dans son indignation, porta la main à sa gorge pour rétablir la circulation un moment interrompue.

— Alors pourquoi hésites-tu ? Pourquoi ces réticences ?

— Mon commandant, vous voulez que je m’affale sur cette boîte, que je reste là comme un lascar, tandis que les camarades se drosseront le tempérament et se donneront le dernier coup de torchon ? Impossible, mon commandant, je faillirais à mon serment. Après, je dis pas.

— Si tu es tué ?

— Dame ! c’est pas l’embarras… ils sont trois.

— Voyons, jures-tu ?

— Après ou vers la fin du bal, oui, mon commandant ; mais avant, non, je peux pas.

D’Iberville vit bien qu’il ne vaincrait pas la résistance du vieux maître.,

— Au moins me jures-tu, dit-il, que le moment arrivé, tu n’hésiteras plus et que…