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Les Exploits d’Iberville

qui nous manquait. Nous allons leur exprimer tout à l’heure notre reconnaissance par la bouche de nos canons… La Salle, faites passer les manœuvres de combat ! Bosse partout ! En haut, vous autres ! Tiens bon, timonier !… Encore de la toile, Urbain !… Là ! bravo, enfants ! Vive la France !…

— Vive la France ! répéta l’équipage.

— Apprête le pavillon ! on l’assurera d’une bordée dans le flanc de l’ennemi en arborant ses couleurs.

Après le dernier ordre d’Iberville se dirigea vers l’arrière du vaisseau et disparut par la petite écoutille.

La confiance était revenue parmi l’équipage sous la chaude et vibrante parole du commandant. C’est que d’Iberville, cet homme sans peur et sans reproche, ce canadien dont le lustre rejaillit sur notre race — Où est sa statue, à celui-là ? — n’avait jamais connu que le sentier fleuri de la gloire, le succès saturé et que la confiance qu’il inspirait était sans bornes. En face de toute la flotte anglaise, ces hommes, soucieux tout à l’heure, électrisés depuis par l’éloquence de leur chef, n’eussent pas hésité à s’élancer à l’ennemi avec confiance.

— Mais, ô misère ! il était un homme à bord qui, en dépit de l’enthousiasme général, était demeuré sombre et renfrogné. Cet homme, c’était Cacatoès.

— Cré nom de nom d’un nom ! grommelait-il entre ses dents, tout en veillant avec soin à la manœuvre, et dire qu’ils sont trois… et que s’ils étaient tant seulement deux, on se pomoyerait grand largue pas