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Les Exploits d’Iberville

— Faites larguer la brigantine et les ris des huniers, M. de la Salles, ajouta-t-il en s’adressant au lieutenant en second qui arrivait en moment sur le pont.

En un moment l’équipage exécuta la manœuvre et le navire augmenta de vitesse.

D’Iberville, toujours à l’arrière, appuyé sur les bastingages de bâbord ; promena d’abord sa lorgnette sur les côtes, puis il en dirigea ensuite les rayons vers les trois voiles en vue, dont la première grossissait de seconde en seconde.

Après quelques minutes d’examen, le commandant se redressa et en se retournant aperçut un homme devant lui : maître Cacatoès, la manœuvre exécutée, ne pouvant plus maîtriser son impatience, s’était approché de son chef.

Il était là, tout confus de sa hardiesse, se dandinant sur ses jambes pour suivre les ondulations du vaisseau, son bonnet à la main.

D’Iberville fixa sur le vieux maître son regard clair et perçant.

— Qu’y a-t-il, vieux ? demanda-t-il.

— Rien, mon commandant, seulement…

— Enfin, voyons, parle.

— C’est à propos de ces navires, mon commandant.

— Eh ! bien, qu’en penses-tu, de ces navires ?

— Dame, mon commandant, je pense… je pense… qu’ils sont deux de trop et que…