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Les Exploits d’Iberville

y transporter le reste des provisions. Quel prétexte as-tu donné pour justifier cette acquisition ?

— Que je voulais faire le cabotage entre New-York et Albany.

— Parfait. Vers dix heures du soir, rendez-vous ici… Où se trouvera la pinasse ?

— Mouillée à une lieue de la ville pour ne pas éveiller les soupçons. Je mettrai un fanal rouge à la proue. Une légère embarcation sera attachée immédiatement sous la fenêtre de M. Villedieu. En moins de trente minutes, nous pourrons atteindre la pinasse.

— Bien. Maintenant, séparons-nous.

Pierre quitta la maison, la lumière s’éteignit ; mais Kernouët et sa fille, on le comprendra facilement, ne purent trouver le sommeil cette nuit-là.

Il plut le lendemain toute la journée, et vers le soir s’éleva un assez fort vent de l’ouest, ce qui ne pouvait qu’aider au projet de nos fugitifs.

Vers quatre heures de l’après-midi, Pierre, en revenant de mouiller la pinasse à l’endroit convenu passa en chaloupe sous la fenêtre de M. Villedieu. Il aperçut la figure anxieuse de celui-ci qui lui fit comprendre par signes que ses préparatifs étaient faits. Pierre montra la barque et porta ses mains au-dessus de sa tête, les doigts écartés. M. Villedieu par un mouvement de la tête de bas en haut fit entendre qu’il avait compris.