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Les Exploits d’Iberville

Viens, il n’est que dix heures, l’enfant doit travailler en m’attendant.

Les deux hommes quittèrent la salle après avoir payé leur consommation, longèrent pendant quelque temps les quais et se dirigèrent vers une maison de modeste apparence, située dans un endroit isolé, à l’extrémité d’une longue rue fangeuse et noire.

C’est là que demeurait le père Kernouët avec sa fille depuis son arrivée à New-York.

Une faible lueur pénétrant à travers les persiennes apprirent aux visiteurs que la jeune fille n’était pas encore couchée. Kernouët introduisit une clef dans la serrure, ouvrit la porte et s’effaça pour laisser passer son compagnon.

— Est-ce vous, mon père ? fit une voix de l’intérieur.

— Oui, mon enfant ! répondit le vieillard. Apporte-nous de la lumière.

Un instant après, une seconde porte s’ouvrit et la jeune fille parut, tenant une lampe à la hauteur de sa tête.

— Ah ! bonsoir, monsieur Pierre ! dit-elle au compagnon de son père, sans paraître étonnée de sa présence à pareille heure. Enfin, venez-vous nous avertir que l’heure du départ est sonnée ?

— Vous en jugerez tout à l’heure, mademoiselle.

— Avant tout, fit le père Kernouët, sers-nous quelque chose pour nous désaltérer, et nous causerons ensuite.