Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
Les Exploits d’Iberville

d’autant plus infâme, que vous n’aviez pour vous ni le droit, ni la justice. Quand vous avancez que ce jeune homme n’a rien ici lui appartenant, vous dites une fausseté. Urbain, monsieur, est légitime propriétaire de tout ce qu’il tient de la munificence et de la libéralité de M. Duperret-Janson dont vous êtes indigne de devenir l’héritier. Je suis là, moi, Nicolas Raguteau, notaire royal, pour en rendre haut témoignage.

— Mais je ne vas pas au contraire, moi, répondit le vicomte de plus en plus effrayé, mes cousins et moi nous consentons à lui laisser emporter tout ce qui a servi à son usage particulier jusqu’à ce jour. Mais qu’il parte à l’instant même.

« Je marchai alors sur le vicomte et je lui crachai au visage les paroles suivantes :

— Si vous croyez me faire une aumône, détrompez-vous, monsieur. Votre prétendue générosité n’est qu’un mensonge auquel vous ne croyez pas vous-même.

« C’est parce que je vous fais peur que vous cédez, alliant ainsi à votre honteuse lâcheté la plus rapace avarice. Ce peu je l’emporte, ô mon noble bienfaiteur, que l’on ose insulter trois jours après sa mort, parce que c’est vous qui me l’avez donné !…… Dans quelles mains infâmes ton héritage va-t-il tomber !… Mais dors tranquille de ton dernier sommeil, toi qui avait mérité le nom de protecteur du pauvre et de l’opprimé, dors du sommeil du juste et