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Les Exploits d’Iberville

autres personnages que je voyais également pour la première fois.

« L’homme à la figure de fouine, après avoir conféré quelques instants avec ses deux acolytes, se levant tout-à-coup, salua à la ronde et s’exprima ainsi :

— Messieurs, moi, Népomucène-Gaston-Balthasar, vicomte de la Bouteillerie, j’ai l’honneur, tant en mon nom qu’en celui de mes deux cousins, très-hauts et très-puissants personnages baron Alban-Calixte-Dieudonné de Landernau et chevalier Antoine-Chrysologue de Vertuchoux, de vous remercier du plus profond de notre cœur reconnaissant d’avoir bien voulu vous asseoir à notre table en notre château de la Belle-Jardinière.

« Inconscient en quelque sorte à tout ce qui se passait autour de moi, je m’éveillai comme d’un rêve à ces étranges paroles dont je n’avais pas tout-à-fait saisi le sens, et m’adressant à l’inconnu qui parlait ainsi de son château, je lui demandai d’une voix mal assurée :

— Monsieur, pardonnez à mon chagrin qui m’a empêché de ne pas saisir exactement le sens de vos paroles. Veuillez, je vous en prie, me les expliquer.

« Le vicomte me regarda d’un air superbe qui aurait été ridicule en toute autre circonstance et me répondit d’un ton dédaigneux :

— Jeune homme, qui êtes-vous d’abord, vous qui osez me parler ?