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Les Exploits d’Iberville

lier, sans bride, les étriers lui battant les flancs, passa près de moi en hennissant et fut s’abattre quelques pas plus loin.

— Ah ! je le sentais bien, m’écriai-je, qu’il arriverait un malheur !

« Et je me précipitai comme la foudre à travers le bois touffu, laissant aux buissons de la route des lambeaux de mes vêtements, me déchirant les mains et la figure.

« Enfin j’arrivai à un endroit où le sentier débouchait dans une clairière et j’aperçus alors le corps du marquis étendu sur le sol.

« Je poussai un sourd gémissement, je me précipitai sur le corps de mon protecteur que je soulevai comme un enfant ; dans mes bras et j’interrogeai le cœur pour y chercher la vie. Je sentis un faible battement, puis un tressaillement général de tout le corps et un instant après le marquis ouvrit les yeux et me sourit ; puis un nouveau tressaillement et le corps se détendit. J’interrogeai le cœur de nouveau. Hélas ! il ne battait plus : j’étais orphelin !…

« Quelques instants après, quand les chasseurs arrivèrent sur le théâtre de l’accident, ils me trouvèrent évanoui à côté du cadavre de mon bienfaiteur.