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Les Exploits d’Iberville

pour toi du souverain l’autorisation de prendre mon nom, de porter mon titre, et je mourrai ensuite avec la consolation de quitter après moi un marquis de Duperret-Janson digne de continuer la ligne de mes illustres aïeux. Dès que j’aurai reçu la réponse du roi, je te présenterai à mes vassaux et à mes tenanciers comme mon unique enfant et mon seul héritier.

« Cette fortune était inespérée et aurait pu me tourner la tête, je vous avouerai cependant sans fausse modestie qu’un seul sentiment se fit jour dans mon cœur et que je l’exprimai de suite au marquis :

— Mon père, lui dis-je, en couvrant ses mains de baisers, j’accepte ces hautes faveurs, non pour la fortune, mais parce qu’elles me donnent la certitude et le droit maintenant de ne jamais vous quitter.

« À mon accent, le marquis ne se méprit pas sur la vérité de mes paroles. Après m’avoir de nouveau serré sur son cœur :

— Assez, mon enfant, dit-il. Attendons en toute confiance la réponse du roi qui ne m’arrivera guère avant un mois. Maintenant viens déjeuner et nous irons ensuite tirer un chevreuil.

« Une heure après, nous nous enfoncions au galop de nos chevaux sous bois dans la direction d’un rendez-vous de chasse, où nous trouvâmes une dizaine de gentilshommes du voisinage qui avaient été invités par le marquis pour fêter l’anniversaire de ma naissance.

« Je m’aperçus tout-à-coup avec inquiétude que le