Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 255 —

Plaines d’Abraham lui assurait l’impunité, du moins pour le moment.

Bigot quitta le château de Beaumanoir à la tombée de la nuit et se rendit au Palais, où il apprit que M. de Vaudreuil partait pour Montréal, accompagné de M. de Godefroy, de sa fille, de Blanche et de Louis Gravel, que sa blessure rendait impropre au service dans l’armée pour quelque temps, mais que le gouverneur comptait utiliser comme secrétaire.

Claude d’Ivernay, à son grand chagrin, restait auprès de M. le chevalier de Lévis en qualité d’aide-de-camp.

Comme l’avait si bien prévu Bigot, M. de Vaudreuil, en apprenant de la bouche de Claire toutes les circonstances de la trahison de l’intendant, jugea qu’il valait mieux ne pas brusquer le dénouement et se décida à le laisser dans une sécurité complète jusqu’à des jours meilleurs. L’hiver approchait du reste et l’on ne pouvait rien tenter avant le printemps.

Le père Ignace Gravel, qui avait fait le coup de feu au camp de Beauport, vint voir son fils avant son départ et reçut de M. de Godefroy un accueil de bon augure pour les amours de Claire et de Louis. Inutile d’ajouter que le père de la jeune fille en avait bien rabattu de son engouement pour Bigot.

Ignace Gravel fit au gouverneur une pein-