Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXI

L’INTERROGATOIRE


Quand Louis Gravel vit entrer la jeune fille, soutenue par une religieuse et Dorothée, pâle, diaphane, amaigrie par la souffrance, son cœur se serra et des larmes montèrent à ses paupières. Lui-même portait encore un bandeau qui tenait un appareil sur les blessures reçues pendant le sauvetage de M. de Godfroy.

Deux cris simultanés, deux exclamations sortirent de la poitrine des deux jeunes gens :

— Claire, mon adorée !

— Louis, mon cher Louis !

— Soyez raisonnable, mon enfant, fit la religieuse, et vous, monsieur, ménagez-lui les émotions.

Une grille les séparait.

Claire fut assise sur un pliant par Dorothée et la religieuse qui se retirèrent à quelque distance. Louis se plaça sur une banquette tout près de la grille.

Tous deux s’examinèrent sans parler pendant quelques instants, savourant le bonheur de se revoir, heureux de se retrouver, étrangers à tout ce qui n’était pas leur amour.

La jeune fille, la première, rompit le silence :