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XV.

LE SACRIFICE


Ce jour-là, M. Boucault de Godefroy était douillettement enfoncé dans son fauteuil, près d’un bon feu flambant dans l’âtre — on était alors au mois de novembre — quand un violent coup de sonnette le fit tressaillir.

Un instant après, Dorothée vint l’avertir que M. Bigot demandait la faveur d’être reçu. M. de Godefroy donna l’ordre d’introduire le visiteur.

On se rappellera sans doute que nous avons dit, dans un chapitre précédent, toute la tendresse de M. de Godefroy pour sa fille ; nous avons également fait connaître au lecteur que, dans la crainte de faire le malheur de celle ci, il avait renoncé à son projet d’alliance avec Bigot, mais celui-ci n’en savait rien.

L’Intendant entra donc avec son assurance ordinaire. Il portait un costume élégant de coupe, un vrai costume de cour.

Coulant, toujours souriant d’un sourire qu’il avait fort beau, galant et empressé avec les femmes, Bigot était froid, impassible, calme, le regard voilé et pénétrant, l’aspect imposant, la