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Manuscrits et editiones

le premier manuscrit, la copie qu’il a confiée plus tard à son ami MouLTOu. Au surplus nous trouvons, dans le manuscrit de MouLTOU même, des changements qui, respirant tout-à-fait l’esprit des Dialogues, doivent avoir été écrits à la même époque, c’est à dire de 1772 — 1776- Je n’en citerai que deux exemples. Rousseau écrivait ce qui suit dans la première rédaiSion du .Vme livre des Confessions (manucrit de Th. Levasseur): ». ... il se répandît quelque temps après [1753] un \>\vl\X qui véritablement ne dura pas, que je n’étais pas l’auteur du Devin du Village. ^ Or à l’époque mentionnée de 1773 — 1776 ce bruit s’était répandu de nouveau dans le public et on disait même que Rousseau ne savait pas du tout la musique. Alors il supprima les paroles uqui véritablement ne dura pas» et écrivit seulement dans le manuscrit de Moultou: ail se répandit quelque temps après (1753) un bruit que je n’étais pas l’auteur du Devin du Village. « Autre exemple. Nous lisons dans le texte du VlIIme livre des Confessions sur Duclos: --c’est le seul ami vrai que j’ai eu parmi les gens de lettres.c À ces paroles l’auteur avait ajouté dans la première rédaction cette note: sVoilà ce que j’aurais pensé toujours, si je n’étais jamais revenu à Paris.* Or la seconde rédaction (le manuscrit de Moultou) contient la même note rédigée comme suit : »Je l’ai cru si longtemps et si parfaitement, que c’est à lui que depuis mon retour à Paris je confiai mes Confessions. Le défiant Jean-Jacques n’a jamais pu croire à la perfidie et à !a fausseté qu’après en avoir été la victime.* Ce changement correspond tout-à-fait aux passages de Rousseau juge de Jean-Jaeques. Dialogues, où il dit (Oeuvres complltes IX. 266): ïCet homme (Jean-Jacques) si défiant alla non seulement jusqu’à leur (ses connaissances) lire cette histoire de son âme,. mais jusqu’à leur en laisser le dépôt asse^ longtemps;! et {Oeuvres compl, IX. 316); «Frappé surtout de l’insigne duplicité de DUCLOS, que j’avais estimé au point de lui confier mes Con- fessions, et qui, du plus sacré dépôt de l’amitié, n’avait fait qu’un instrument d’imposture et de trahison.!

Nous savons que Rousseau a écrit en 1776, dans le manuscrit de Moultou, les deux avertissements si émouvants dont nous devons la publication à M. Félix Bovet, et dont l’un se trouve dans la copie de du Peyrou »au verso du titre* de la seconde partie des Confessions, et l’autre, demeuré à l’état de fragment, à la fin de cette copie. Depuis ce jour l’auteur n’a plus retouché au manuscrit de Moultou et moins encore à la première rédaction de ses Confessions, au manuscrit de Th. Levasseur.

L’histoire de la composition des mémoires de Rousseau dès l’origine de ce projet en 1761 et principalement dès l’origine des premiers brouillons en 1764, à l’achèvement de la dernière rédaction des Confessions, c’est à dire du manuscrit de Moultou, en 1776, cette histoire de la composition d’un livre est en même temps l’histoire de la vie de son auteur. Nous appuyant sur les résul-