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Deuxième partie des confessions. Étrange projet etc. 55

Je compris que cet enlèvement de lettres avait certainement rapport au temps où elles avaient été écrites .... Je conclus de là que depuis plus de six ans (depuis l’enlèvement de lettres en 1762) ma perte était jurée, et que ces lettres , . . servaient à fournir les points fixes des temps et des lieux pour bâtir le système d’impostures dont on voulait me rendre la victime. a (125 c)

Maintenant le lecteur comprendra pourquoi l’auteur en hiver de 1769 à 1770 a inséré dans ses Confessions le passage cité sur l’attentat de 1757.

C’est ainsi que Rousseau en rédigeant ses Confessions, en 1769 et 1770, forgeait ses armes défensives et offensives contre ses ennemis. Il voulait enfin «découvrir et déconcerter leur grande conspiration» contre sa personne, et dans ce but il crut qu’il fallait avoir de «nouveaux prosélytes et secours»; (izsd) Parmi ses vieux amis ce fut à Moultou seul qu’il écrivit, le 4 avril 1770, qu’il ne s’agissait plus de défendre sa personne mais sa mémoire, et qlie depuis bien des années, pour accomplir cette œuvre méritoire, il avait choisi son digne ami Moui.TOU. Cependant déjà, parmi les connaissances faites alors dans le midi de la France, il est des personnes qu’il trouva dignes de cette même confiance. C’est à ceux-ci que Rousseau révéla, de vive voix et par écrit, les tristes secrets de sa vie et en même temps les méchancetés de ses ennemis. Nous trouvons dans sa correspondance imprimée une lettre à Mme. B. (Monquin le 17 janvier 1770), et principalement une lettre à M. de Saint- Germain {Monquin, le 17*/ 70), qui sont en partie ou en entier parfois mot à mot, des extraits des Confessions (126). En se promenant au printemps de 1770, dans les environs de Lyon, avec M. de la Tourette, Rousseau lui récita ’le préambule* de ses Cojtfessions, »Que ce début" , s’écria plus tard de la Tourette, me parut sublime: *il me fait bien regretter la suite que je ne connais pas.*; (127)

Nous avons eu la tentation de mettre ici sous les yeux du lecteur les trois textes , c’est à dire ceux des deux lettres de Rousseau du 17 janvier et du 26 février 1770, et celui des Confessions. Mais nous nous contenterons de donner un seul parallèle, qui nous paraît le plus intéressant de tous. Le voici:

C125C) Ibid. XII. p. 226.

(l^Stl) J. Dusallki De nus rapperts mite y.-J. Rousseau, p. 6l,

(126) Oeuvres compl. Corresf. Rousseau à Mad. B. le 17 janvier 1770. XH. 171. Kousseau à M. de Saint-Germain, et Mouquin le 26 févr, 70. XII. 179 — 19g. Il faut comparer par exemple les deux lettres mentionnées p. 171 et p. 185 etc. entre elles et puis avec les Confessions: Oeuvres VIll, p. 250. etc.

(127) Lettre de M. de la Tourrette a M. J.-J, Rousseau, Lyon le 14 janvier 1772. Manuscr. de NeuchStel. — Ernest Naville dans la BibUothei/ue univer- selle. Août et mai 1862. — Comf. Oeuvres compl. Conf. VlII. 280. 281.