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ga Histoire critique de la rédaction des confessions

>> j’attends sans alarmée, déclara Rousseau le 4 février 1769 à Laliaud, l’explosion qu’ils [mes ennemis] comptent faire après ma mort sur ma mémoire, semblables aux vils corbeaux qui s’acharnent sur les cadavres. C’est alors qu’ils croiront n’avoir plus à craindre le trait de lumière qui, de mon vivant, ne cesse de les faire trembler, et c’est alors que l’on connaîtra peut-être le prix de

ma patience et de mon silence Je ne veux plus m’occu-

per de rien qui me rappelle hors de moi, de rien qui puisse ôter à mon esprit la même tranquillité dont jouit ma conscience.! (i 1 5c)

Auprès de Rey aussi Rousseau a épanché son cœur à l’égard des Confissions dans une lettre du 27 avril 1769: ïQuand vous me suggérâtes le projet d’écrire les mémoires de ma vie, je ne m’imaginais guère que ce projet, adopté trop légèrement, m’attirerait les calamités qui en ont été l’etfet. Ne me reparlez jamais de cette entreprise; si vous m’aimez, ayez regret de me l’avoir suggérée, et si vous m’en reparlez, attendez-vous à n’avoir aucune réponse sur ce point.c (116)

Néanmoins, la même année 1769, Rousseau commençait à Monquin la suite de l’histoire de sa vie. sAprès deux ans de silence et de patience, déclare- 1- il , malgré mes résolutions, je reprends la plume. Lecteur, suspendez votre jugement sur les raisons qui m’y forcent: vous n’en pouvez juger qu’après m’avoir lu.c (rry)

L’auteur des Confessions envisageait tous les événements, même les plus indifférents, des dernières années, sous la néfaste influence de sa manie de persécution, de sorte qu’en effet ces événements ne pouvaient que la fortifier. Il, se développa chez lui au degré le plus effrayant cette espèce de sagacité logique qui en apparence pénètre les hommes et les choses, mais qui, en réalité, fermant le monde extérieur à l’esprit, le force à s’abuser et à s’absorber ilans ses propres fantômes. C’est dans cette disposition funeste que Rousseau se persuada que ses ennemis mettaient tout en œuvre pour l’empêcher d’écrire ses mémoires. H se figure que

(115c) Oeuvres compl. Corresf. XII. 136.

(116) Boscha p. 287.

(117) Okotww com//, VIII. p. 195, Extirde ilu livre VII"B. Quoique nous ayons déclaré à différentes reprises ne pas vouloir relever les contradictions de rautenr des Confessions à l’ égard de sa chronologie, il faut faire ici nne exception. Parlant de sa lettre à Voltaire, du 17 juin 1760 (V. p. I. i. X. Oeu/Bres compl. VIII. p. 389), Rousseau fait observer co qui suit: «On remarquera que depuis pris de sept ans, que cette lettre est Écrite , je n’en ai parlé ni ne l’ai montrée à âme vivante. Il en a été de Qiême des deux lettres que M. Hume me força Fiti dimitr de lui écrire . . .« Le leclear verra sur le champ que l’auteur a en vue l’été de 1766 el qu’en conséquence le livre diaème des Confessions aurait été écrit en 1767, mais cela est impossible. — Autre observatbn; Rousseau déclare ne pas avoir montré la lettre qu’il écrivit à Voltaire en 1760. Cependant on lit, dans sa lettre à M. de Chauvel, Wootlon le S janvier 1767, ce passage; »AyaQt retrouvé par hasard le brouillon de cette lettre, je la transcris ici, permettant à M. de Chauvel d’en faire l’usage qu’il lui plaira.»