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Seconde rédaction définitive de la première partie etc. 47

Cependant, à proprement parler, il n’avait plus rien à confesser, depuis qu’il s’était persuadé avoir expié l’exposition de ses enfants. C’est surtout à cette période de sa vie qu’appartient l’histoire de sa: glorieuse carrière d’auteur et celle de sa réforme morale. Sa biographie pourrait se transformer ici en son éloge et en son apologie. En revanche il avait beaucoup de mal à dire d’autres personnes.

On ne l’ignorait point et c’est pourquoi on craignait les Con-- /essions. David Hume fut le premier qui manifesta sa rage contre cette œuvre. Il résolut d’en prévenir les effets. «Le silence {de ma part), éciivit-il à Mme de Boufflers, le 15 juillet r766, le silence a ses dangers; il (Rousseau) compose main- tenant un livre dans lequel il me déshonorera par des mensonges atroces. Il écrit ses mémoires; supposez qu’ils soient publiés après sa mort , ma justification perdra beaucoup de son authen- ticité, on me dira qu’il est aisé d’inculper un mort. J’ai donc l’intention d’écrire cette [notre] querelle en y joignant les pièces originales* etc. (104a) Et le 12 août 1766, Hume mande encore à M™* de Boufflers; tCe qui m’a déterminé à ne garder aucune messure avec cet homme (Rousseau) c’est la certitude qu’il écrivait ses mémoires et qu’il m’y faisait faire une belle figure.< (104b) Ce fut alors que le philosophe écossais faisait publier le libelle intitulé: Exposé succinct de la contestation qui iesl élevée entre M. Hume et M. Rousseau, avec Us pilces jusifi- catives. À Londres 1766, Il y dénonça à l’Europe le projet de Rousseau de rendre justice, dans ses Mémoires, à lui-même, à ses amis et à ses ennemis; »il est, s’y écria Hume, sur le point de terminer cet ouvrage terrible t et il y justifia tout-à-fait comme dans les lettres à Mme Boufflers la publication de son libelle contre Rousseau. »M. Hume, écrivait Grimm dans sa Corre- spondance, s’est enfin enrôlé dans la confrérie des ferrailleurs, de peur d’attraper un legs dans le testament de mort de Jean- Jacques. « Mais en dépit de ces plaisanteries, la conscience de Grimm était fort tourmentée. Il fallait craindre lui-même de trouver son propre portrait dans les mémoires de Jeau-Jacques et il a trahi ses angoisses non seulement par ces paroles: »I1 y a apparence qup tant d’honnêtes gens seront calomniés,* mais plus évidemment encore par le fait qu’il se hâta de dire tout le mal possible de son ancien ami et tout le bien imaginable de lui-même. (104c) Voltaire enfin; écrivant, le 24. octobre 1766, à Hume, et fid^e à son caractère, distUla son venin sur l’ouvrage de Rousseau, qui n’existait pas encore. (105)

(104a) Morin, Estai sur la vit eu. de y.-J. Kousseati. p. i8g. (104b) Ibid. p. 192.

(104c) Correspondance etc. par Grimm etc. (Octobre 1766.) VII. 14t. (105) Oeuvres compl. de Voltaire. Corresp. Lettre à M. David Hume,