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Ce fut ce colonel Roguin qui entra en relations avec Rousseau, alors chez madame de Warens à Chambéry en Savoie. Si l’on se rappelle que l’auteur de la Nouvelle Héloïse se dépeint lui- même si souvent dans le personnage de Saint-Preux, on concevra aussitôt que tout ce qu’il dit de ce dernier et du colonel Roguin, se rapporte à l’histoire de sa propre vie. Rousseau n’en parle pas, il est vrai, dans ses Confessions ; en revanche, il y décrit son vif intérêt pour la guerre mentionnée des alliés contre les impériaux ; et en exposant, dans une occasion antérieure, les raisons qui l’empêchent d’endosser l’uniforme, il donne les mêmes motifs qu’il a mis dans la bouche de Saint-Preux. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu.

L’amitié entre Rousseau et le négociant Daniel Roguin se noua à Paris en 1742, et deux ans après elle se transforma en une véritable intimité. On connaît la lettre touchante où Rousseau révèle, le 9 juillet 1745, sa triste situation. La Bibliothèque publique de Neuchâtel en conserve encore l’original ; cette lettre est pour nous d’autant plus intéressante que Daniel Roguin a écrit la réponse au verso de la feuille,

La voici :

„En vérité, mon cher ami, vous vous moquez de ma figure par vos compliments et je m’en offense veritablement. Si vous êtes dans la peine, je partagerai toujours avec plaisir le peu que j’ay et cela très sincerement ; vous pouvez en faire l’epreuve, jugez donc si le retard de la fortune à vous rendre justice doit vous inquieter pour moi, il me fait seulement de la peine de ce qu’elle est si aveugle, je vous en iray assurer, demain matin dans l’esperance que vous me permettrez d’interrompre pour un moment votre travail, ce que je n’osai faire dernierement en allant rendre un livre à Mr. de Chabrot parce qu’il m’avait instruit de votre retraite, dont je rendis compte hier au soir à Mlles {{sc|Hottin} qui m’en demandèrent des nouvelles et auquelles je dis que je me faisais un scrupule de l’aller troubler. Adieu mon cher amy. Je suis autant à vous qu’à D. Roguin.“ Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu.

Rousseau confiait à Roguin tous ses secrets, jusqu’à ses relations fort intimes avec Mn>e de Warens, de sorte qu’à propos de la JS/ouvelk Héloïse en 176 1 son ami pouvait s’écrier : „Aht que Mme de Warens était un excellent maître ! On ne saurait parler si pertinemment de l’amour, sans l’éprouver." (5).

De 1762 — 1765 Daniel Roguin, rentré de Paris à Yvei- don, trouva encore une fois, comme vingt ans auparavant, l’occasion de rendre à Rousseau des services importants. Il gagna aussi ses compatriotes à l’infortuné auteur d’Emile.

(3) Ociiitres compl. Confissions. VIII. p. 129 et p. 112. — Sur Albert- Louis Roguin consultei:Albert de Monlet; JDictionnairt Biagraphiqut l’ts CinévoΠ! il des Vaudois.

(4) Manuscrits de NeuchSiel.

(5) Mannscr. de Neuch. Voyez la noie 2.